Monthly Archives: February 2013

Intervention Guy Verhofstadt

November 21 2012

Visit Hollande

Monsieur le Président,
Permettez-moi tout d’abord de féliciter le libéral qui est en vous. Je ne veux pas vous créer des problèmes chez vos amis socialistes, mais votre combat pour le mariage pour tous est un progrès et une nouvelle liberté, l’essence même de notre libéralisme.
Il y a soixante ans Jean Monnet disait, “Nous unissons des hommes, nous ne coalisons pas des états”. Ça reste vrai. Notre Union n’a de sens que si elle devient une véritable fédération de peuples et de nations. Ce que Winston Churchill appelait les “États Unies d’Europe”.
Pour Monnet et Churchill cette Union n’était qu’un rêve lointain, un mirage. Aujourd’hui elle est devenue un devoir, un devoir vital pour la survie de l’Europe. Le monde n’est plus une planète de 196 états nations, mais un conglomérat de grandes et puissantes fédérations, empires, civilisations. La Chine n’est pas une nation, mais une véritable civilisation. L’Inde est un continent qui regroupe 2000 ethnies, 22 langues et au moins 4 grandes religions. Les États Unies sont le pays multiculturel par excellence.
L’Europe n’a qu’un avenir si elle aussi fait le saut vers une grande fédération. Un empire « du bon ». La civilisation européenne n’est pas une chimère, mais une réalité, qui peut être vu et ressenti de la Volga à l’Atlantique.
De plus, comment résoudre la crise financière, la récession économique, le changement climatique. Tous ces dossiers demandent une action commune, une approche globale qui dépasse les limites de la souveraineté nationale. C’est au niveau Européen qu’il faut défendre nos intérêts, améliorer notre compétitivité, lutter pour notre modèle de société. C’est au niveau Européen qu’il faut regagner notre capacité de décider sur notre propre sort.
La France a été le premier pays avec l’Angleterre à avoir compris qu’une unification de son territoire, de son économie et de sa gestion publique pourrait être bénéfique. La France a donc la vocation, je dirais même, le devoir de pousser pour une nouvelle intégration de notre continent. La France sais plus que quiconque que comme les paroisses ont disparus dans le concert des nations du 19ième, les nations ne seront plus dominantes dans le 21ième siècle.
Une nouvelle bataille se déroulera vendredi prochain : les futures finances de l’Union. Je ne nie pas les difficultés financières actuelles. Mais est-ce que c’est si difficile de faire comprendre à vos collègues qu’en temps d’austérité mieux vaut mettre en commun les rares ressources, que de renationaliser les politiques européennes comme certaines au delà de la manche le préconisent ? Défense, diplomatie, recherche, innovation. Des dizaines de milliards sont à épargner si on collabore ensemble dans le cadre d’un budget Européen renforcé. Comme il y a aussi des millions à épargner si on veut entamer le dialogue sur la question du siège de nos institutions.
Malheureusement c’est l’inverse qui se produit. Un strabisme politique gouverne l’Europe. Pire, c’est une véritable escroquerie budgétaire qui se prépare. En mettant les engagements au niveau souhaité par les pays de cohésion et les payements au niveau souhaité par les pays contributeurs, on crée un véritable trou budgétaire. 60 milliards d’euro. Ceci par des chefs de gouvernement qui nous cassent les pieds avec des leçons d’austérité. Hypocrite !
[J’entends dire que ce n’est qu’un problème technique. Faux. Par ces mêmes pratiques la Belgique était devenue dans les années quatre-vingts le “malade de l’Europe”. 136 % de dette. 16 % de déficit. Ça nous a pris 25 ans pour le corriger.]
C’est peut être étrange que je vous le demande Monsieur le Président. Vous qui êtes socialiste: dites non. Disons non ensemble. Non a un cadre financier qui n’est pas sérieux. Et qui n’est certainement pas à la hauteur de nos défis.
Finalement le Mali. Vous avez pris la bonne décision. Il n’était pas concevable qu’un régime djihadiste s’installe à Bamako.
Mais pourquoi on ne fait rien pour la Syrie?
Deux ans d’horreurs. Des dizaines de milliers de morts. Des centaines de milliers de réfugiés. Chaque jour perdu à aider la rébellion démocratique est un jour gagné par les insurgés islamistes. Assad tombera, j’en suis sure. Mais ce sont les djihadistes qui risquent de gagner.
Je vous en supplie, donnons une aide humanitaire massive. Etablissons une zone anti-aérienne au nord de la Syrie. Et si nous ne pouvons pas faire cela – donnons leur au moins les armes anti-aériennes pour qu’ils puissent se défendre eux-mêmes.
Vous avez été accueilli en libérateur au Mali. Devenez avec vos collègues européens aussi les héros de la Syrie.

more …

Intervention Guy Verhofstadt

November 21 2012

Visit Hollande

Monsieur le Président,
Permettez-moi tout d’abord de féliciter le libéral qui est en vous. Je ne veux pas vous créer des problèmes chez vos amis socialistes, mais votre combat pour le mariage pour tous est un progrès et une nouvelle liberté, l’essence même de notre libéralisme.
Il y a soixante ans Jean Monnet disait, “Nous unissons des hommes, nous ne coalisons pas des états”. Ça reste vrai. Notre Union n’a de sens que si elle devient une véritable fédération de peuples et de nations. Ce que Winston Churchill appelait les “États Unies d’Europe”.
Pour Monnet et Churchill cette Union n’était qu’un rêve lointain, un mirage. Aujourd’hui elle est devenue un devoir, un devoir vital pour la survie de l’Europe. Le monde n’est plus une planète de 196 états nations, mais un conglomérat de grandes et puissantes fédérations, empires, civilisations. La Chine n’est pas une nation, mais une véritable civilisation. L’Inde est un continent qui regroupe 2000 ethnies, 22 langues et au moins 4 grandes religions. Les États Unies sont le pays multiculturel par excellence.
L’Europe n’a qu’un avenir si elle aussi fait le saut vers une grande fédération. Un empire « du bon ». La civilisation européenne n’est pas une chimère, mais une réalité, qui peut être vu et ressenti de la Volga à l’Atlantique.
De plus, comment résoudre la crise financière, la récession économique, le changement climatique. Tous ces dossiers demandent une action commune, une approche globale qui dépasse les limites de la souveraineté nationale. C’est au niveau Européen qu’il faut défendre nos intérêts, améliorer notre compétitivité, lutter pour notre modèle de société. C’est au niveau Européen qu’il faut regagner notre capacité de décider sur notre propre sort.
La France a été le premier pays avec l’Angleterre à avoir compris qu’une unification de son territoire, de son économie et de sa gestion publique pourrait être bénéfique. La France a donc la vocation, je dirais même, le devoir de pousser pour une nouvelle intégration de notre continent. La France sais plus que quiconque que comme les paroisses ont disparus dans le concert des nations du 19ième, les nations ne seront plus dominantes dans le 21ième siècle.
Une nouvelle bataille se déroulera vendredi prochain : les futures finances de l’Union. Je ne nie pas les difficultés financières actuelles. Mais est-ce que c’est si difficile de faire comprendre à vos collègues qu’en temps d’austérité mieux vaut mettre en commun les rares ressources, que de renationaliser les politiques européennes comme certaines au delà de la manche le préconisent ? Défense, diplomatie, recherche, innovation. Des dizaines de milliards sont à épargner si on collabore ensemble dans le cadre d’un budget Européen renforcé. Comme il y a aussi des millions à épargner si on veut entamer le dialogue sur la question du siège de nos institutions.
Malheureusement c’est l’inverse qui se produit. Un strabisme politique gouverne l’Europe. Pire, c’est une véritable escroquerie budgétaire qui se prépare. En mettant les engagements au niveau souhaité par les pays de cohésion et les payements au niveau souhaité par les pays contributeurs, on crée un véritable trou budgétaire. 60 milliards d’euro. Ceci par des chefs de gouvernement qui nous cassent les pieds avec des leçons d’austérité. Hypocrite !
[J’entends dire que ce n’est qu’un problème technique. Faux. Par ces mêmes pratiques la Belgique était devenue dans les années quatre-vingts le “malade de l’Europe”. 136 % de dette. 16 % de déficit. Ça nous a pris 25 ans pour le corriger.]
C’est peut être étrange que je vous le demande Monsieur le Président. Vous qui êtes socialiste: dites non. Disons non ensemble. Non a un cadre financier qui n’est pas sérieux. Et qui n’est certainement pas à la hauteur de nos défis.
Finalement le Mali. Vous avez pris la bonne décision. Il n’était pas concevable qu’un régime djihadiste s’installe à Bamako.
Mais pourquoi on ne fait rien pour la Syrie?
Deux ans d’horreurs. Des dizaines de milliers de morts. Des centaines de milliers de réfugiés. Chaque jour perdu à aider la rébellion démocratique est un jour gagné par les insurgés islamistes. Assad tombera, j’en suis sure. Mais ce sont les djihadistes qui risquent de gagner.
Je vous en supplie, donnons une aide humanitaire massive. Etablissons une zone anti-aérienne au nord de la Syrie. Et si nous ne pouvons pas faire cela – donnons leur au moins les armes anti-aériennes pour qu’ils puissent se défendre eux-mêmes.
Vous avez été accueilli en libérateur au Mali. Devenez avec vos collègues européens aussi les héros de la Syrie.

more …